La plasticienne Nina Childress rejoint l’Académie avec une tenue militante conçue avec About a Worker et la Maison des Femmes de Paris.

Nina Childress, peintre, est officiellement entrée à l’Académie des beaux-arts, une des académies de l’Institut de France, le 25 juin 2025 lors de la cérémonie d’intronisation. Elle portait l’« habit vert » des académiciens ainsi qu’une épée conçue par Jean-Luc Verna. Pour la première fois, deux femmes sont successivement élues au sein de la section peinture, Tania Mouraud prêtera serment en novembre prochain.
Le costume des académiciens est codifié, fixé par l’arrêté du 13 mai 1801 : « habit, gilet ou veste, culotte ou pantalon noirs, ornés de broderies en feuilles d’olivier en soie vert foncé, chapeau à la française ». La tenue n’est portée qu’aux cérémonies de l’Institut de France. Elle est accompagnée de l’épée ou d’un accessoire équivalent.

De nombreux Immortels s’adressent au tailleur Starck & Sons, tandis que certains font appel à des maisons de couture, telles qu’Annie Leibovitz et Louis Vuitton (2024) ou Jean-Michel Othoniel et Dior (2021). Nina Childress a choisi le studio parisien About a Worker, fondé par les designers Kim Hou et Paul Boulenger en 2017, spécialisé dans l’upcycling. C’est un « studio de design inclusif, c’est-à-dire que l’on fait appel à des communautés pour dessiner des vêtements, des accessoires, et des œuvres d’art textile » explique Kim Hou au Journal des Arts. Tania Mouraud a, pour sa part, fait appel à une association de réemploi de vêtements.

Ces choix s’inscrivent dans une démarche de féminisation d’un costume initialement conçu pour les hommes. Kim Hou raconte que « le cahier des charges est beaucoup plus détaillé pour les académiciens que pour les académiciennes, elles sont donc plus libres dans leurs choix ». Suzanne Bastid, élue à l’Académie des sciences morales et politiques en 1971, avait féminisé le costume en introduisant la jupe. Marguerite Yourcenar, première femme élue à l’Académie française, avait choisi en 1980 une houppelande en velours noir et un châle blanc, s’écartant ainsi du costume traditionnel.
Nina Childress adopte une silhouette cintrée mais ample, composée d’une veste et d’un pantalon en toile de travail, confectionnés par le designer Alaïnn Menoni. L’artiste a souhaité inscrire sa démarche dans un féminisme affirmé et a collaboré avec le studio et la Maison des Femmes de Paris (association qui vient en aide aux femmes précaires) afin de créer les motifs d’oliviers du costume. Les olives sont phosphorescentes : blanches à la lumière mais vertes sous UV, pour être conformes au cahier des charges.
La confection a pris du temps comme l’explique Kim Hou : « il y a eu beaucoup d’aller-retour, ça a été un travail de longue haleine, ça a été un processus d‘environ 1 an. » About a Worker a développé pour l’occasion un fil phosphorescent et s’est appuyé sur l’atelier Potencier, spécialisé dans la broderie mécanique dans les Hauts-de-France.

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L’habit académique revisité par Nina Childress et About a Worker
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