Un nouveau centre dédié à Goya

Saragosse (Espagne). L’Espagne aime les symboles. C’est pourquoi le 16 avril dernier, jour anniversaire de la mort de Francisco de Goya (1746-1828), le président du gouvernement aragonais a dévoilé le projet du tout nouveau Centre Goya de Saragosse. Symbole encore, quant à l’année d’ouverture du site prévue en 2027, un an avant le bicentenaire de la mort de l’artiste.

Le centre, qui investit l’ancien palais de justice de la ville, sera un établissement culturel à part entière, certes, mais aussi un prolongement de l’actuel musée Goya. Il accueillera les œuvres appartenant au musée qui sont actuellement présentées au palais de l’Aljafería sous forme d’exposition temporaire.

Ce nouveau lieu est surtout imaginé comme un espace multisensoriel. Remporté par l’architecte aragonais, Antonio Laurén, en collaboration avec le muséographe Boris Micka et le cabinet d’ingénierie IDOM, le Centre Goya est à la fois un musée dans le sens classique du terme, et un espace d’expérience visuelle et sonore.

La volonté de modernisation commencera dès l’extérieur du bâtiment, avec une façade dynamique intégrant un maillage LED haute définition, diffusant en continu des œuvres animées de l’Espagnol, visibles depuis l’extérieur.

À l’intérieur, les 2 400 mètres carrés de l’édifice s’organisent sur cinq niveaux. Les trois premiers étages rempliront des fonctions variées : les espaces administratifs et de stockage, non accessibles au public, seront relégués au premier niveau ; une salle polyvalente destinée à accueillir des événements prendra place au deuxième ; tandis que le troisième, doté de balcons individuels, sera dédié aux expositions temporaires.

Les deux derniers étages se concentreront sur l’œuvre et la figure de Goya. Le quatrième proposera un parcours circulaire structuré en quatre sections permanentes : « Maîtres et influences à Saragosse », « Goya, premières œuvres », « Esprit indépendant » et « Regard critique ». Enfin, le cinquième étage plongera le visiteur dans une expérience immersive avec la « Quinta de Goya » , espace sensoriel que l’on peut d’ores et déjà imaginer comme une version aragonaise de l’Atelier des Lumières.

Mais l’adaptation de l’édifice judiciaire construit au XIXe siècle aux exigences technologiques ne se fera pas sans difficultés. Pour faire de la place, le principal défi architectural sera la démolition de la toiture et du plancher supérieur du bâtiment, afin d’en augmenter la hauteur et de dégager l’espace nécessaire à l’installation des systèmes de ventilation et de climatisation.

Cet investissement architectural chamboule un édifice patrimonial et reflète ainsi la volonté de la région aragonaise de renforcer son lien avec son artiste emblématique. Sur le plan financier, le projet, public, est évalué à 7 millions d’euros : ce qui paraît un peu faible compte tenu des travaux.