Nomination d’Éric de Chassey à la direction des Beaux-Arts de Paris

Sa nomination était attendue : Éric de Chassey connaît bien les opérateurs de la culture pour en avoir dirigé certains, il avait été candidat en 2015 et il faut bien le dire, il n’avait pas beaucoup de concurrents. Il prendra en juillet prochain la direction de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris (ENSBA) dans un contexte marqué par une crise patrimoniale aigüe. Il succède à Alexia Fabre, première femme à diriger l’école depuis sa création en 1648.

Né en 1965 à Pittsburgh aux États-Unis, Éric de Chassey est un ancien élève de l’École normale supérieure (1986-1990), où il a étudié la philosophie. Il a également suivi une formation en histoire de l'art à Sorbonne Université (ex-Paris-IV) et en sciences politiques à Sciences Po. Il a soutenu une thèse en 1994 intitulée Décorative violence : la réception et l'influence de l'œuvre d'Henri Matisse aux États-Unis à l'époque du triomphe de l'art américain, sous la direction de Bruno Foucart. Élu maître de conférences à Sorbonne Université, il a ensuite enseigné à Tours, à l’École du Louvre et à l’École normale supérieure de Lyon.

Il a dirigé l’Académie de France à Rome – Villa Médicis entre 2009 et 2015, où il a mené une importante réforme des modalités d’accueil et d’accompagnement des résidents. En 2016, il a pris la direction de l’Institut national d’histoire de l’art (INHA). Il est également l’auteur de nombreux ouvrages et essais sur l’art contemporain et a assuré le commissariat de plus de cinquante expositions en France et à l’international.

Une des tâches principales d’Éric de Chassey sera de piloter un programme de rénovation du site historique des Beaux-Arts, partagé avec l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-Malaquais. Le Palais des Études et plusieurs bâtiments présentent des désordres structurels graves : affaissement des fondations, infiltrations, risques d’effondrement. Depuis l’automne 2022, plusieurs incidents ont conduit à l’évacuation de salles et d’ateliers. Le diagnostic établi fin 2023 a acté l’urgence d’un chantier estimé à plus de 100 millions d’euros, incluant la consolidation du bâti, la rénovation des réseaux et le relogement temporaire des collections et des activités pédagogiques.

Alexia Fabre avait été nommée en janvier 2022. Son mandat a été marqué par la gestion de la crise patrimoniale et la préparation du chantier de rénovation, mais aussi par des tensions autour du projet de campus commun avec l’école d’architecture. Malgré un engagement certain et le dialogue avec les étudiants, elle a quitté ses fonctions en mars 2025 sur fond de divergences avec le ministère.